Histoire

Extrait de l’ouvrage « Histoire des communes du Puy-de-Dôme – Arrondissement d’Issoire » par A.G MANRY _ Editions HORVATH - 1988

 

Origine du nom

Yvoine est un saint obscur originaire du Languedoc qui se serait retiré en ce lieu ; le village porta longtemps le nom de Pierre Encize, de inciza : faille dans un rocher. Pendant la révolution, la commune porta quelques temps le nom de Roche-sur-Allier.
Le peuplement est ancien. Dans les années 1920, on découvrit tout près du village plusieurs squelettes, on voulut voir là des ossements de l’ère paléolithique ; en fait des tuiles gallo-romaines recouvrant les tombes, des tessons de poteries, une monnaie de Septime Sévère datèrent ces restes du IIIe s. après J.-Christ.

Les origines du village

Selon A. Tardieu dans son “ Dictionnaire historique “, les origines de Saint-Yvoine seraient les mêmes que celles du village voisin de Sauvagnat. En 769, une certaine Eufraise, femme d’un comte du Limousin, donna au monastère de Charroux (Vienne), ses biens d’Auvergne. Au Xe s., les moines de Charroux fuyant l’invasion normande, se réfugièrent en Auvergne, fondèrent l’abbaye d’Issoire et avant de repartir lui laissèrent la terre de Saint-Yvoine. En 1562, les moines d’Issoire la vendirent à Antoine de Sarlant, maître d’hôtel de la reine. A partir de cette date la seigneurie changea maintes fois de possesseur par des ventes ou des héritages.

La seigneurie

Après Antoine de Sarlant, ce furent les d’Oradour, puis les Faidides ; vers 1670 Saint-Yvoine fut acquis par Paul Chaudessolles qui venait d’acheter la seigneurie voisine du Broc ; dès lors Saint-Yvoine suivit le sort de cette dernière. En 1690, par un mariage elle passa à Louis Le Gon ; en 1706, par un autre mariage, à Chrétien de Lamoignon, puis en 1761, elle fut vendue à François de Lastic, seigneur de Parentignat.

Il y eut très tôt un château-fort à Saint-Yvoine (ou plutôt Pierre Encize) ; il devait être en ruines au XVIIIe s. Il n’en reste que des vestiges ; une tour ruinée à l’emplacement du réduit central et une petite tour ronde avec voûte en coupole à l’extrémité de l’éperon rocheux dominant l’Allier.

Au sud du horst, près de l’Allier, le domaine de Saint-Mandé appartint à différentes familles bourgeoises d’Issoire qui finirent par prendre le titre de seigneur de Saint-Mandé ; depuis le début du XVIIe s. c’était une famille Fabre.

Les guerres de religion

Par sa position sur la route de Clermont à Issoire, Saint-Yvoine connut des moments agités pendant les guerres de religion avec le passage incessant de troupes des différents partis marchant vers Issoire : protestants et catholiques d’abord, puis Ligueurs et Royalistes. Le fait le plus important fut le combat de Cros-Rolland. En juillet 1589, Issoire, après une brève occupation royaliste, était retombé aux mains des Ligueurs commandés par Randan. Une troupe royaliste commandée par le comte de Chabannes et Rastignac partit de Clermont en mars 1590 pour reprendre la ville ; Randan voulut leur barrer le passage. La rencontre eut lieu le 14 près de Saint-Yvoine, à Cros-Rolland, le même jour que la bataille d’Ivry. les Ligueurs subirent un désastre complet.

En 1592 le marquis d’Allègre, gouverneur d’Issoire pour Henri IV, voulut reprendre Billom, une des dernières places tenues par les Ligueurs. Il emprunta un chemin qui, par un bac traversait l’Allier au bas de Saint-Yvoine. Mais la rivière était en crue, le bac qui transportait ses hommes chavira, la plupart se noyèrent, tandis que des Ligueurs massés sur l’autre rive tiraient au mousquet sur ceux qui avaient échappé à la noyade.

Le XVIIIe siècle et l’époque moderne

Les XVIIe et XVIIIe s. furent calmes. Pendant la révolution, les habitants se montrèrent bons jacobins ; ils changèrent le nom du village (avril 1974) : « Nous l’avons changé et avons avizé de le nomé Roche-sur-Allier, si-devant St Yvoine ». Par ailleurs ils prirent énergiquement la défense de leur ancien curé qui avait abandonné la prêtrise volontairement et cultivait les terres de son père.
Le XIXe s. fut assez prospère grâce à la vigne ; avec la mise en service de la nouvelle route d’Issoire par la vallée, après 1842 le village perdit de son animation. Le 14 août 1944, des maquisards attaquèrent une colonne allemande dans la vallée et lui infligèrent des pertes sensibles.